De la différence entre Qi-Gong et Tai Chi Chuan

Par REVEL Maximilien — Au fil du Tao

Une personne intéressée par les pratiques internes s’interrogera sur la différence entre le Tai Chi Chuan et le Qi Gong. Les médias entretiennent souvent la confusion entre les deux notions par manque d’informations fiables.

Il s’agit d’une vraie question, car elle soulève des problématiques de fond qui, sans leur réelle compréhension, induira le pratiquant à se tromper dans le choix de sa pratique :

1. Qu’est-ce que le Qi-Gong ? Quelles sont ses différentes acceptions ?
2. Qu’est-ce que le Tai Chi Chuan sous l’angle du Qi-Gong ?
3. Quel est l’intérêt de comprendre ces termes dans la pratique d’une école ?
   

Une mise en garde préalable est nécessaire, car ces notions sont loin de faire l’unanimité, même dans leur pays d’origine, la Chine : il ne s’agit pas pour moi de prétendre être une référence en la matière.

Cet article a pour seule ambition de partager ma compréhension actuelle… qui évolue constamment, puisque l’art est vivant.

Nous allons aborder ces questionnements en commençant par la notion de Qi-Gong

Qu’est-ce que le Qi-Gong ?

Je commencerai par rappeler que le terme Qi-gong est très récent. Ainsi que le rappelle Georges Saby ¹:

Le terme de Qi-Gong date de 1950 …, il est né de la volonté politique de l’administration maoïste. Il s’est appuyé sur de multiples techniques de la Chine millénaire. Le mot Qi-gong fut créé de toutes pièces. Le travail du Qi, c’est une des traductions possibles pour Qi-Gong. (…) On aggloméra des pratiques villageoises, des rituels, des techniques respiratoires, d’automassage, des exercices de santé liés au milieu de l’acupuncture sous un seul label : Qi-Gong.

Ce terme a donc servi à regrouper des pratiques très diverses grâces à la notion de Qi comme fil conducteur.

Le terme de Qi-gong

Cette précision étant faite, comment pourrait-on traduire le terme lui-même ?

Il contient la notion Gong (aussi écrite Kung) que nous retrouvons dans Kung-fu. De plus, il n’est pas synonyme d’art martial, comme on pourrait le croire, mais est attribué à toute étude ou tout entraînement dont l’apprentissage ou la réalisation nécessite beaucoup d’énergie et de temps.

Ce terme peut s’appliquer à n’importe quelle étude ou savoir-faire particulier, du moment qu’il nécessite du temps, de l’énergie et de la patience. On peut résumer avec deux mots Gong = énergie + temps.

Alors, on appellera donc Qi-Gong tout entraînement ou toute étude concernant le Qi ²et nécessitant beaucoup de temps et d’efforts.

Cette première définition est la plus complète. Cependant, le terme Qi évoque aussi bien le Qi du ciel, de la terre que celui de l’homme. En conséquence, nous allons circonscrire sa portée :

On qualifiera de Qi-Gong des exercices mettant en jeu le Qi dans le corps humain

Les différentes catégories de Qi-Gong

À ma connaissance, quatre types de Qi Gong sont répertoriés :

• Thérapeutique : à visée médicale. En Occident, c’est ce type de Qi-Gong qui nous parle le plus.
• Éducatif : une série d’exercices visant à préparer une activité.
• Spirituel : la méditation en est un exemple.
• Martial : techniques relevant de l’art martial.
  

Le Qi-gong regroupe donc des catégories extrêmement diverses de techniques, toutes regroupées sous une même notion.

Qu’en est-il du Tai Chi Chuan ?

Le Tai Chi Chuan est un Qi-Gong martial

Je citerai encore Georges Saby ³:

Dix ans après l’apparition du nom Qi-gong en 1950, certaines écoles de Taijiquan déclarèrent que le Taijiquan est une forme de Qi-Gong. Elles appuyèrent leur affirmation sur le travail du Qi, également contenu dans le Taijiquan. Mais, cela est aussi exact en karaté, en Kung Fu Wushu, en théâtre No, en calligraphie, etc.

La plupart des écoles de Tai Chi Chuan se sont donc mises d’accord en qualifiant le Tai Chi Chuan de Qi Gong martial.

Quelle est la raison de cette volonté alors qu’elle n’est pas apparue pour d’autres arts martiaux comme le kung-fu de Shaolin ?

Rappelons que cet art martial interne contient un ensemble de techniques utilisant la souplesse et le relâchement comme principe de combat. La puissance (Fa-Jin) ne viendra pas d’une force dure, mais d’une force souple.

Dire qu’il s’agit d’un Qi-gong lui permet donc de se distinguer des arts martiaux externes par l’aspect Santé. Le respect du corps en est la priorité.

Points d’attention

Nous pouvons à présent mieux comprendre ce qui crée la confusion.

Le terme Qi-Gong est surtout connu sous son angle thérapeutique ou méditatif :

• des mouvements lents, à visée respiratoire, pour apaiser l’esprit ;
• la circulation du Qi dans les différents méridiens.
  

Le Qi-gong martial est mal connu et ne fait pas l’objet de publicité. Lorsque le Tai Chi Chuan a été qualifié de Qi-Gong, le public a donc réduit la discipline à une expression méditative, lente.

Le point positif est d’amener un public désireux d’avoir une activité sportive saine, qualitative et passionnante.

L’aspect négatif de cette approche et de lui enlever tout son aspect efficacité, comme self défense.

Cela ouvre la porte à des dérives favorisant un Qi-Gong très éloigné de l’art martial :

• Une chorégraphie sans aucune efficacité martiale : absence de sens dans les mouvements, et donc pas d’applications martiales.
• Des exercices appauvris : pas de tuishou ni de pratique d’armes
  

En outre, ce qui me parait important est la transparence d’une école par rapport à ses pratiques réelles.

Il est essentiel pour un pratiquant de savoir exactement ce à quoi il aura droit comme enseignement.

1. TAICHIMAG n°10 – octobre 2016 ↩
2. J’aborderai la notion de Qi dans un futur article. ↩
3. TAICHIMAG n°10 – octobre 2016 ↩

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